• 66 - 8-03-2018

     

        Vitalité. Nous avons, dans l'obscurité sinueuse qui croit en nous, une altérité qu'il ne faut pas décevoir. Et cette altérité c'est la vie. Pour s'en convaincre, il faut avoir aperçu que nous ne sommes pas la source de notre vitalité. Pour s'en convaincre, il faut avoir déjà déprimé. Avoir déjà senti toute volonté s'effondrer en soi et n'avoir plus de prise sur rien. Avoir senti l'autonomie subversive des affects, qu'il est moins aisé de contester qu'un pitbull serrant son os. Avoir senti la vie désapprouver ce que nous sommes, et subir.

       Hélas, nous ne sommes que mort et inertie. Extérieurs à notre propre vitalité. En vérité, la vie nous vient d'on ne sait où. Je veux parler de cette provenance miraculeuse qui n'est pas un lieu et qui nous met en demeure de la cultiver, d'en prendre soin comme d'une chose fragile et incompréhensible. Pour le peu de temps dont nous disposons dans l'existence.

       C'est pourquoi le mythe du libre-arbitre est vraiment risible. Face à l'entité indéchiffrable qu'est la pulsion nous disposons d'une marge au fond très réduite. Notre liberté n'est qu'un maigre enclos, borné par l'immensité des sentiments déplaisants que la vie suscite en nous. Et l'on voudrait que nous soyons heureux. Parmi l'océan de douleur et d'ennui qu'est le monde, où flotte péniblement notre corps. Tout bonheur est une abstraction. 

     

     

     


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